Quatre critères peuvent aider dans le discernement :
a) le désir que je ressens au fond de mon cœur : est–il juste, droit ? Qu’on ne méprise ni ne sous–estime jamais la parole d’un enfant ou d’un adolescent à ce sujet. On doit lui montrer qu’il a été entendu, écouté ; il faut lui donner des conseils adaptés, précis, et ne pas se contenter de lui dire : « Tu verras plus tard. » Il est trop jeune pour décider, mais pas trop pour y penser ! Au seuil de l’âge adulte, c’est parfois la liberté qui doit être libérée, pour qu’on permette à un jeune de constater que, malgré tant de difficultés ou objections, ce désir est réellement en lui, qu’il doit en tenir compte par respect pour lui–même, et que si tel est bien son appel, la grâce de Dieu ne lui fera jamais défaut.
b) les besoins du monde : quels sont les plus urgents ? L’histoire du diocèse de Lyon est admirable dans son élan missionnaire. Plusieurs congrégations religieuses sont nées au sanctuaire de Fourvière. Vers 1830, le pape Grégoire XVI avait demandé des volontaires pour évangéliser l’Océanie ; les Maristes sont partis et ont compté quantité de martyrs. Trente ans plus tard, les Missions Africaines de Lyon ne se sont pas laissé décourager par le nombre de jeunes missionnaires morts de la fièvre jaune ou de la malaria, et ils ont évangélisé l’Afrique de l’Ouest. Et aujourd’hui, qui viendra évangéliser les villes et les banlieues ? Qui parlera de Jésus aux jeunes générations ? Comment faire pour que nos campagnes ne deviennent pas des déserts ?
c) le discernement. Il est à exercer avec ceux qui nous accompagnent et nous conseillent : l’Eglise, le père spirituel, la maîtresse des novices, le supérieur du Séminaire. Les désirs de chacun méritent attention, même ceux qui nous paraissent un peu fous ; sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, par exemple, voulait être prêtre, martyre, apôtre et prophète, tout à la fois. Cette ambition spirituelle pouvait paraître extravagante, mais elle en a découvert l’authenticité en lisant la comparaison de saint Paul sur les différents membres du corps, en 1 Cor 12 : « Je compris que si l’Eglise avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Eglise avait un cœur, et que ce cœur était BRÛLANT d’AMOUR ».
d) la liberté profonde de l’intéressé. La liberté gardera toujours quelque chose de mystérieux, mais une vraie maturation permet normalement le cheminement d’un appel plus personnel et plus profond. Cependant, Dieu peut aussi faire irruption dans une vie, à l’improviste. L’équivalent du « coup de foudre » des amoureux peut exister pour une vocation. Mais cela doit être soumis à un discernement spirituel sérieux, et il faut savoir percevoir et dénoncer les pressions des uns ou la séduction des autres.
Ces quatre éléments peuvent éclairer, mais l’essentiel du discernement se joue dans le «cœur pur» ou l’intelligence droite de l’intéressé(e). Chacun doit être aidé, avec un grand respect, à découvrir la volonté de Dieu et à y obéir, dans la logique de la demande centrale du Notre Père : «Que ta volonté soit faite» (et non la mienne cf. Mat 26, 39).
Cardinal Philippe Barbarin, Archevèque de Lyon
Extrait de la catéchèse sur les vocations sacerdotales et religieuses donnée lors du pèlerinage à l’île Madame, mercredi 26 août 2009. A retrouver sur http://lyon.catholique.fr/?Vocations–sacerdotales
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