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Construire sa vie

La vocation est de retour

On se désole aujourd’hui, et à juste titre, de la chute des vocations.

Jusque dans les années 1960, chacun de nos diocèseas avait, outre son grand séminaire, un petit séminaire, chaque congrégation féminine comme masculine avait son juvénat, où étaient censées éclore de jeunes vocations. Toutes ces institutions, souvent de petite taille mais disséminées en de nombreux points de notre territoire régional, ont disparu, faute de candidats, ou se sont transformées en écoles ouvertes à tous, collèges, lycées ou lycées professionnels ou agricoles.

Serait-ce à dire que le terme lui-même de vocation (du latin vocatio : appel) aurait perdu toute pertinence en même temps que la culture dans laquelle il avait pris racine : celle d’avant la société de consommation, individualiste et relativiste, et de l’Etat « providence » ?

Avoir la vocation, c’était – et c’est toujours -renoncer consciemment et librement à tout ou partie de sa vie privée pour se consacrer à une grande cause, bien supérieure à sa propre vie. On pense bien sûr aux soldats (Servitudes et grandeurs militaires, mourir pour la patrie), aux missionnaires (porter l’Evangile en même temps que les soins et l’éducation aux peuples lointains), aux infirmières, aux prêtres, aux professeurs, aux éducateurs, aux savants qui sacrifient tout pour un bien transcendant. Je pense à un Joseph FIMBEl, frère marianiste qui a formé, avec un dévouement sans borne, des générations de techniciens agricoles au lycée catholique qu’il fonda à Sainte Maure, près de Troyes. Un de ses anciens élèves, Pierre Riner, qui fut un des pionniers du développement de l’élevage dans la vallée de la Drôme, me racontait l’histoire étonnante de M. FIMBEl : jeune professeur de lettres, promis à un bel avenir, Joseph s’oppose de toutes ses forces au nazisme. Il est arrêté par la Gestapo et conduit en camp de concentration. Après de longs mois de travail acharné et de sévices, il est épuisé. Donné pour mort, il est entassé avec d’autres « cadavres » à l’entrée d’un four crématoire, quand un de ses geôliers remarque que les doigts du mort bougent encore. le geôlier hésite, puis, reconnaissant le visage de celui qui leur servait d’interprète dans le stalag, décide à la dernière minute de le mettre de côté. « On ne sait jamais ». Bien lui en a pris. Joseph peu à peu reprend vigueur. Et quand viendra l’heure de la libération, sa décision sera définitive. le reste de sa vie ne peut être qu’entièrement donné à Dieu, le «sauveur » et le « maître de l’histoire », à travers l’éducation des jeunes. Soixante ans plus tard, ses anciens élèves (à qui il racontera jusqu’à la fin son voyage au bout de la nuit) en restent à tout jamais marqués par la noblesse de son engagement. Ils ont eu à cœur de suivre l’exemple du maître et de poursuivre le sillon tracé par M. FIMBEl.

Certes, direz vous, nous avons changé d’époque. Avec l’individualisme ambiant, chacun est censé faire ce qu’il veut, comme il veut, aussi longtemps qu’il veut, jusqu’à choisir son identité ! Non seulement la société n’a rien à y redire mais elle est prête à suivre le mouvement et, si l’on peut dire, à tout « bénir ». Bref, tout le contraire d’une vocation !

Et pourtant, à y regarder de plus près, la vocation demeure. Elle a même un bel avenir devant elle car elle dit ce que l’homme porte en son âme de plus profond. Je veux en citer deux exemples, l’un tiré de découvertes récentes, l’autre de mon expérience personnelle.

Découverte récente. le terme vocation a de nouveau le vent en poupe. Un important centre de formation sur la place de lyon, reconnu dans le secteur sanitaire et social, a pris pour slogan « une pépinière de vocations », la définition même de nos « petits séminaires » de jadis.

Un « Institut de la vocation » a vu le jour à lyon. A l’initiative du chercheur Robert Jourda, un nouvel outil d’orientation a été mis au point, le CGP ou centre de gravité professionnelle, qui permet à chacun de mieux se connaître pour développer son potentiel professionnel. Beaucoup de lycées utilisent aujourd’hui ce moyen pour aider leurs élèves à mieux s’orienter, ainsi que des entreprises, des collectivités, voire des institutions religieuses.

Expérience personnelle : j’ai passé une bonne partie de ma carrière en lycée professionnel sanitaire et social. J’ai vu défiler dans mon bureau des centaines de jeunes épris d’idéal. Sans doute fallait-il aider ces jeunes généreux à bien discerner. Mais je peux dire que, durant plus de trente ans, j’ai vu, chaque année, éclore de belles vocations d’aides soignants, d’infirmières, de moniteurs éducateurs, d’éducateurs spécialisés, d’assistants sociaux, de professeurs des écoles… A l’origine de ces vocations, il y a eu souvent l’expérience de la souffrance ou du handicap, vécue en soi ou dans la famille, la rencontre de témoins lumineux comme Jean vanier (fondateur de l’Arche) , Gabriel Rosset (fondateur du Foyer Notre Dame des Sans Abri), Jean Baptiste Hibon, l’expérience forte de stages en milieu professionnel auprès de personnes âgées, handicapées, malades, désorientées. A première vue, ces jeunes ressemblaient à tous ceux de leur génération. Mais en les voyant à l’œuvre sur le terrain, s’occupant de chacun avec prévenance, on constate qu’ils répondaient là à un véritable appel. Ne serait-ce pas cela la vocation ?

François Jeanselme, ancien chef d’établissement

 

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