Comme enseignant et éducateur, il nous est sans doute arrivé de nous trouver face à des élèves ayant perdu toute motivation pour l’école, pour les études. À quoi sert-il d’étudier ? À cette question, les réponses données concernent assez spontanément l’avenir, c’est-à-dire ce qui n’est pas encore là. Nous lions en effet très souvent les études et la réussite, particulièrement la réussite professionnelle. Il faut étudier pour avoir plus tard un métier, si possible choisi, aimé et qui permette de vivre. Sans contredire cette réalité, il nous faut sans doute aussi, et peut-être premièrement, relier les études au présent, c’est-à-dire à l’épanouissement de l’élève, de sa personne. Les études n’ont pas qu’un intérêt pour plus tard, elles servent dès maintenant l’épanouissement, le développement de la personne.
Au premier abord pourtant, les études sont associées au travail qu’elles requièrent et donc à une certaine pénibilité, ce qui pourrait paraître contraire à l’épanouissement. Ne voit-on pas pourtant que l’acte d’étudier est porteur de nombreux développements personnels : apprentissage de la rigueur, des différentes méthodes utilisées selon les disciplines, développement de la concentration, de la capacité à travailler dans une durée avec persévérance, acquisition d’une culture, ouverture de l’intelligence à des réalités fort différentes, formation de la volonté, exercice de la mémoire, stimulation de l’imagination, gestion de notre affectivité qui ne nous porte pas toujours à l’étude et dispositions du corps qu’il ne faut jamais négliger, ni dans l’étude ni dans le repos qu’il faut aussi s’accorder, etc. Toutes nos facultés sont sollicitées. La personne humaine ne peut avancer dans la recherche de la vérité sans étudier. De plus, dans une perspective chrétienne, les études peuvent disposer, en ouvrant l’intelligence et le cœur, à une rencontre avec Dieu. Elles permettent aussi au croyant d’entrer dans une véritable intelligence de la foi. Nous comprenons donc pourquoi l’Enseignement catholique, qui est porteur d’un projet d’éducation intégrale de la personne humaine, veut donner aux études toute leur place.
Bien évidemment, c’est tout ce qui se vit dans un établissement scolaire qui participe à l’éducation, mais l’enseignement (et par conséquent les études) y occupe une place primordiale. Nous sommes actuellement tentés de ne considérer les études que d’un point de vue utilitariste : c’est la manière d’enseigner et d’apprendre qui est importante. Certes la pédagogie est essentielle, mais le contenu de ce qui est appris l’est aussi. C’est un devoir que nous avons de donner aux élèves les éléments essentiels du patrimoine culturel développé au cours des siècles ainsi que de les aider à considérer les grandes questions que l’humanité doit affronter.
Bruno Prangé, Directeur diocésain de l’Enseignement catholique, Diocèse de Saint-Étienne