L’autre jour, lors d’une conversation à L’Oratoire de CALUIRE (lieu de formation de nos futurs professeurs de l’enseignement catholique pour les diocèses de St Etienne,Lyon et Belley-Ars), nous parlions de NOEL et je partageais ma manière de prier devant la crèche pendant le temps donné de l’Avent.
Dans la même semaine je me suis rendu dans un collège de Bourg en Bresse qui organisait une exposition sur les crèches du monde que tant d’enfants et de jeunes sont venus depuis contempler.
Prier devant la crèche avec la mangeoire vide est une invitation simple à se situer dans le maintenant et dans une attente à la fois. Cela peut permettre aux enfants dans les écoles (et aux adultes …) de toucher du doigt des éléments importants de temporalité, d’abstraction, de désir, de mouvement, de pauvreté et de joie.
Le temps peut être abordé par le fait de situer un évènement dans le cadre historique et chronologique (on peut découvrir aussi le temps dans une perspective de Salut).L’enfant pourrait ainsi se situer lui-même dans son histoire, dans le fil et le sens de sa vie ainsi que dans une participation plus universelle .Avant, aujourd‘hui et demain.
La naissance de JESUS est incontestée, historiquement au moins, et certains accueillent sa venue comme celle du Sauveur .Nous en témoignons dans nos établissements.
Dans la notion du temps on pourrait aussi faire découvrir ou contribuer à faire prendre conscience de l’idée d’attente, de joyeuse attente. Qu’attendons-nous véritablement encore ? Quel évènement peut-il encore faire bondir notre cœur et susciter notre joie ? Sommes-nous capable de mentionner clairement ce que nous attendons (ce qui contribue donc à notre joie) ? Les notions d’immédiateté, de zapping sont de lents poisons avec souvent la déception à la clef; en opposition les fruits de la maturation d’une attente sont faits pour aider à sortir du « tout tout de suite ».Il y a là une découverte que nous souhaitons faire expérimenter aux élèves de nos établissements.
En regardant la crèche on peut aborder la notion de mouvement : le premier mouvement est celui de la mère, Marie qui se penche au plus proche de son enfant, avec son cœur, ses bras et son regard. Le second mouvement est celui du regard du père sur son épouse et sur l’enfant, heureux, fier et protecteur. Ces regards vont aider à grandir. Viendront ensuite des mouvements moins intérieurs et plus manifestés : ceux des bergers qui se laissèrent conduire par l’étoile, dans la confiance et enfin celui des mages et leur grand voyage. Chaque mouvement, intérieur ou avec des formes extérieures est un déplacement. On peut se demander ce qui peut, ou peut encore nous faire courir, nous mettre en route et nous toucher ? Nous rendre aimant davantage, nous émouvoir ? Cette notion de confiance est un autre élément incontournable entre l’enfant et l’éducateur.
Contempler la crèche et la mangeoire vide peut aussi nous aider à méditer sur la pauvreté, la pauvreté de Celui qui n’a pas de place pour naître, qu’on refuse déjà dès le début de son existence. En se plaçant ainsi en face d’un lit de paille on peut sans doute se rendre compte véritablement de ce qu’être pauvre veut dire. Nous la croisons cette pauvreté, réelle, scandaleuse et douloureuse.Elle nous heurte et nous dérange, elle nous agresse tant elle est crue, nue ,sous les ponts de nos boulevards périphériques, dans la rue, ou cachée ici ou là dans un trou de misère .Sous un autre aspect, nous la portons en nous parfois tellement fortement cette misère, moins matérielle ,alors elle nous semble moins lourde, presque plus acceptable que celle d’un sdf. Cependant…
En contemplant le berceau vide ou en le faisant contempler dans nos écoles nous pouvons réaliser que nous avons beaucoup et que nous avons besoin des autres et de Lui.
Olivier de Coat