Et si la crise nous permettait de repenser notre projet d’établissement ?
En janvier 2020, la résolution prise par la communauté éducative du collège Saint Joseph était de refondre le projet d’établissement… et puis le COVID-19 nous a fait prendre une autre orientation.
L’accueil des élèves remis en cause, des conditions de travail ébranlées, des pratiques pédagogiques bousculées, des relations humaines modifiées, bref, un fonctionnement fragilisé.
Et si la situation sanitaire de notre pays au printemps 2020 avait permis de repenser notre projet d’établissement autrement ?
« Autrement » est bien le maître mot de la nouvelle forme que nous devons donner aujourd’hui à notre mission d’éducation. Cela est vrai pour nos établissements mais plus encore pour notre système éducatif dans son ensemble et de fait nos partenaires institutionnels.
La maitrise de l’outil informatique, qui fait cruellement défaut chez la plupart des élèves du collège, doit être revue et placée comme discipline à part entière et non comme sujet d’expérimentation ou support d’apprentissage de quelques matières. Le COVID-19 a entraîné la fermeture d’écoles dans le monde entier. À l’échelle mondiale, plus de 1,2 milliard d’enfants ont dû suivre des cours à distance. Cette situation a déjà changé radicalement notre façon d’appréhender « la classe ». Le développement constant d’internet et les investissements récents de certains grands groupes dans les technologies de l’éducation nous obligent à nous demander si l’adoption de l’apprentissage en ligne continuera à persister après la pandémie, et comment un tel changement affectera le marché mondial de l’éducation.
La formation des enseignants, celle des élèves auxquels manquent souvent les compétences nécessaires pour étudier à distance et en autonomie, la réorganisation des relations avec les familles, l’ouverture au travail collectif et inter catégoriel de l’ensemble des acteurs de l’éducation ne se décrètent pas.
C’est pourquoi des unités de formation semblent nécessaires aujourd’hui aussi bien chez les élèves que dans le corps enseignant. Même si les professeurs ont su faire face avec beaucoup d’engagement à la mise en œuvre subite de l’enseignement à distance, il n’en reste pas moins que le besoin d’accompagnement et de formation est évident pour la plupart d’entre eux.
Face à ces situations de crise, l’école se doit de répondre aux besoins de tous les élèves et d’assurer l’accès à la connaissance et à l’enseignement à chacun d’entre eux.
Pour maintenir les liens sociaux au sein de notre communauté éducative, nous devons penser les moyens de la communication et développer de nouveaux outils d’échange.
Enfin, le protocole sanitaire doit s’accompagner d’un protocole éducatif en gardant à l’esprit que nous restons des éducateurs et des enseignants et non les gardiens d’une institution garante du maintien de l’équilibre économique.
Il apparait aujourd’hui clairement que ces nouvelles contraintes doivent être intégrées au cœur du projet d’établissement en revisitant notre projet d’éducation et en s’appuyant sur le projet pastoral.
À l’issue de cette pandémie, nous devons réfléchir à la manière dont les systèmes éducatifs peuvent se redresser plus vigoureusement, à la fois portés par des acteurs, dont le sens des responsabilités est renouvelé, et mieux armés pour comprendre l’urgence et la nécessité de s’attaquer à l’inégalité des chances en garantissant à chaque enfant une éducation de qualité.
Lionel CÉCILLON
Chef d’établissement
Collège Saint Joseph de Bourg-en-Bresse