L’accès à internet et les nouvelles technologies nuisent-ils à l’évolution des jeunes ? Nous savons que l’outil doit rester au service de l’humain et non l’inverse, à l’image de ce fantastique moment dans 2001, L’Odyssée de L’Espace où Kubrick fait devenir le silex de l’homme préhistorique le vaisseau spatial de l’homme moderne…
Mais les dernières études mises en lumière par Michel Desmurget, directeur de l’Inserm, ont de quoi inquiéter. La prochaine génération serait la première à posséder un Quotient Intellectuel moyen inférieur à la précédente. Et ce serait en grande partie dû à la surexposition d’écrans, notamment à table, lors du repas familial, qui peu à peu perd sa dimension sacralisée et où les sollicitations intellectuelles périclitent au profit de l’utilisation des écrans. Ce qui a poussé Fabrice Hadjaj à prononcer sa superbe formule devant un parterre de Chefs d’Etablissement lors d’une session récente à Annecy : « La table est supérieure à la tablette ».
Sommes-nous en cohérence lorsque nous alertons les parents des méfaits de la surexposition aux écrans quand l’auteur de « la Fabrique du Crétin Digital » expose sa posologie : aucun écran avant 6 ans, une demi-heure entre 6 et 12 ans, une heure à partir de 12 ans ? Ne sommes-nous pas loin du compte quand nous incitons nos élèves à fréquenter ces sites divers que sont It’s Learning, Ecole Directe ou Scol Info ? Steve Jobs, créateur d’Apple, inscrivait ses enfants dans un établissement scolaire sans écran…
Pourtant, j’ai été le premier tout récemment qui, d’abord et selon ces mêmes principes, avais refusé de se procurer des lunettes virtuelles pour le centre de documentation puis, après les avoir essayées, les ai fait acheter pour le collège. Comment faire découvrir aux élèves des métiers inaccessibles car trop éloignés sinon en les immergeant dans cet univers à l’aide d’un logiciel capable de nous présenter des emplois s’exerçant dans un chantier naval par exemple ? Seule cette technologie rapproche ces réalités exotiques pour un élève d’un environnement rural. L’outil au service de l’orientation et qui répond à notre crédo : « l’excellence pour tous vers un avenir de qualité ». Ne laisser personne de côté.
Alors que la connaissance du monde est disponible à bout de
pouce pour les élèves, cette fameuse connaissance horizontale qui crée
le désintérêt de l’apprentissage scolaire traditionnel . Le site « It’s
learning » offre cependant des modalités pédagogiques nouvelles, une
interactivité salvatrice et crée une vision alternative à celle du cours
magistral descendant.
Quel professeur peut se vanter de ne pas se sentir aculé dans ses limites lors de l’acquisition d’une notion ? Il y eut le diaporama dans les années 2000, 2010 qui permit de surmonter ces difficultés. Dureté, fixité du document sur le disque dur, sédentarité. Mais même cette forme, aujourd’hui quasi désuète, se fait supplanter à l’aube de 2020, par des présentations plus fluides et esthétiques comme Prezi, disponible en ligne. Fluidité et esprit nomade. L’évolution générationnelle.
Comme nous l’avons dit plus haut, « l’excellence pour tous vers un avenir de qualité », c’est aussi autoriser des progrès aux élèves à besoin éducatifs particuliers mais aussi à ceux qui en veulent encore d’avantage. Vous voulez du jeu ? On vous donnera au Centre Scolaire des escape games en mathématiques en guise d’aide personnalisée.
Car là peut-être est la solution, ce qu’il me semble vivre au Centre Scolaire Saint Martin : une dynamique, fondée à la fois sur le cours le plus efficace et magistral et l’expérimentation la plus imaginative qu’il soit. C’est cette alternance de temps calmes et de pétillance qui crée l’attrait de professeurs tous au service de l’établissement et dans un élan permanent. Les écrans et le recours à internet peuvent constituer des aides pédagogiques à condition de ne pas en abuser, mais que ce ne soient pas les seules. Innover pour surprendre et discuter l’intérêt de tous. La réponse technologique en est une parmi d’autres : innover et intéresser pour enseigner induit un questionnement et une remise en cause permanente des modes de transmission. Sans perdre de vue que les écrans ne sont qu’un moyen parmi une large palette de possibilités et ne pas perdre de vue que, avant tout, ce qui fera avancer l’élève, c’est la confiance en ses possibilités, que nous devons lui communiquer prioritairement.
Pour ne pas être au service de la machine mais de l’élève, afin que ce dernier puisse croître dans toutes ses dimensions : relationnelles, intellectuelles, sportives et spirituelles.
Steeve Pollice, chef d’établissement, Collège Saint Martin, Saint Martin en Haut (Rhône)