Orientation, le Guide de l'Enseignement Privé

L’alcoolisme chez les jeunes

Le Guide orientation enseignement catholique interviewe l’adjudant chef Bernard Mars de la Brigade de délinquance juvénile de Lyon. Il nous reçoit pour nous donner son expérience sur le thème désormais récurrent de l’alcoolisme chez les jeunes.

Guide de l’Orientation Enseignement Catholique (GO) : Mon adjudant, pouvez vous s’il vous plait nous parler de vos missions quotidiennes ?

Adjudant chef Bernard Mars (ABM) :

La brigade de délinquance juvénile de Lyon a deux missions :

-les actions de prévention

-les auditions de victimes de maltraitances & abus sexuels

GO : Quelles sont les tendances de fond de la consommation d’alcool en France ces dernières années ?

ABM : Du vin de famille des déjeuners en famille le dimanche aux apéritifs du sud sur la terrasse ensoleillée en passant par la coupe de champagne de la réussite, l’alcool fait partie intégrante de la culture française. Même si sa consommation a été divisée par 2 en 40 ans, l’inflation porte le chiffre d’affaires de cette industrie à 15,8 milliards d’euros et 500 000 emplois au début des années 2000 selon l’observatoire français des drogues et de la toxicomanie.

GO : L’image que vous donnez est plutôt positive – en quoi la consommation d’alcool chez les jeunes pos- t -elle problème ?

ABM : Mal consommé, l’alcool est aussi aujourd’hui un fléau chez les jeunes.

Au-delà de son aspect festif, la consommation vire à l’excessif, les jeunes recherchent la défonce et se mettent en danger de manière de plus en plus fréquente. Si les degrés d’alcool dans le sang sont communs à tous, il ne faut pas oublier qu’on n’est pas tous égaux face à un même produit et on doit donc être capable de se fixer soi-même ses limites.

GO : Nous comprenons votre diagnostic, mais quels sont les risques que vous avez identifiés ?

ABM : La boisson est facteur de nombreux risques :

La consommation précoce : le cerveau se construisant jusqu’à 20 ans, une consommation forte avant cet âge peut provoquer des lésions au cerveau et a des chances de perdurer.

La poly consommation : TABAC-ALCOOL-CANNABIS entrainera une interdépendance des trois et l’un aura tendance à cacher l’autre.

L’accoutumance : la fréquence de consommation devient de plus en plus importante, on a l’impression de « tenir » à l’alcool mais quelque soit la pratique, le taux d’alcool dans le sang reste le même.

On se met en danger soi (dégradation de la santé, vulnérabilité face aux autres) mais aussi les autres (violence, accidents de la route).

GO : Le constat est là. Mais avez-vous identifié des solutions ?

ABM : Selon moi, il faut savoir assumer ses responsabilités. Il faut commencer par désigner « Sam » le capitaine de soirée. Sam ne boit pas du tout de la soirée ce qui ne veut pas dire que les autres doivent boire deux fois plus ! Il faut à mon avis savoir assumer pleinement son rôle d’ami. Partir faire la fête avec un ami signifie rester avec lui et veiller sur lui afin de lui éviter une consommation excessive et les déviances qu’elle entraine. Lorsqu’il a trop bu, je l’arrête.

GO : N’y a-t-il pas aussi des solutions pratiques pour réduire son alcoolémie, manger, boire du café ?

ABM : Non, contrairement à ce que beaucoup croient, manger, courir, boire du café… en buvant ne limite pas l’alcoolisation du sang.

GO : N’y a-t-il pas possibilité de limiter l’alcoolisation en choisissant bien ses consommations ?

ABM : Avec des dosages différents selon leur degré d’alcool, les verres servis dans un bar représentent tous la même alcoolisation. ½ Bière = 1 whisky= 10g d’alcool pour 0,2g dans le sang.

GO : Il nous suffit donc de compter le nombre de verres pour en déduire notre taux d’alcoolémie et notre possibilité de conduire ?

ABM : Non, pour une même quantité d’alcool ingérée, une femme sera par exemple plus alcoolisée qu’un homme.

GO : Merci de nous avoir exposé votre point de vue. Puisque nous sommes dans une gendarmerie, la question rituelle : « avez-vous quelque chose à ajouter ? « 

ABM : Je sais bien que la consommation d’alcool paraît à certains égards un passage obligé. Il s’agit d’obtenir la reconnaissance par ses pairs, d’être accepté par le groupe en fonctionnant à son image. Mais je veux surtout vous dire une chose : vous, les jeunes, vous avez encore un corps formidable mais il est rancunier : tout ce que vous lui faites subir il vous le rendra !

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