Deux élèves circulent dans le couloir, trois autres sont assis dans la cour, une porte de classe ouverte, des élèves assis chuchotent en groupe, d’autres écoutent de la musique avec leurs oreillettes. Il est 16h00, la classe de 4° est en étude. Quel laxisme! Voilà ce que pourrait penser un observateur non averti. En réalité le collège Notre–Dame à Claveisolles expérimente une nouvelle manière de travailler, basée sur la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner. Cette théorie suggère qu’il existe huit types d’intelligence (logico–mathématique, verbo–linguistique, spatiale, interpersonnelle, intra–personnelle, corporelle–kinesthésique, musicale–rythmique, naturaliste). Chacun est doté de toutes les formes d’intelligence mais n’en n’utilise que deux ou trois de manière dominante. et ces dernières ne sont pas toujours celles utilisées à l’école (essentiellement logico–mathématiques et verbo–linguistique).
En début d’année, les élèves ont répondu à un questionnaire permettant d’identifier leurs intelligences dominantes. Première réaction heureuse manifestée par certains élèves peu scolaires : «Je suis intelligent!». L’estime de soi progresse ainsi que la connaissance de soi. Puis, chacun essaye de travailler plus efficacement en fonction de ses intelligences dominantes. L’élève doté d’une d’intelligence corporelle–kinesthésique apprend les leçons de français en arpentant le couloir. Celui, dont l’intelligence naturaliste domine, mémorise une propriété de mathématiques dans la cour. Le «musical–rythmique» apprécie de faire ses exercices en écoutant de la musique ou apprend sa leçon en la mettant sur le rythme d’une chanson. La syntaxe anglaise est apprise en échangeant en petit groupe pour les « interpersonnels » (les fameux bavards!). Le «logico–mathématiques» réussit mieux à retenir sa leçon en l’insérant dans un schéma heuristique.
Ce dispositif implique flexibilité et ouverture d’esprit de la part de, Christine Argoud, qui surveille l’étude: organiser la salle et ses abords en pôle de travail, circuler entre la classe et la cour pour veiller sur les élèves, accepter de voir des élèves travailler en écoutant de la musique, maintenir le niveau sonore des échanges au plus bas pour ne pas déranger le reste de la classe. Si tous les élèves ne profitent pas pleinement de cette heure, beaucoup se mettent au travail plus volontiers qu’auparavant. Pour certains, la prise en compte de leurs formes d’intelligence leur redonne confiance en eux en contournant l’appréhension de l’apprentissage. La surveillante de l’étude est moins accaparée par la gestion de la discipline et peut consacrer plus de temps à répondre aux questions des élèves.
Cette expérimentation sera analysée en fin d’année, avant de l’étendre, si le bilan se révèle positif, à toutes les études du collège et de l’internat. A terme, la prise en compte des différentes formes d’intelligence pourrait être exploitée en cours, avec pour objectif le développement de toutes les formes d’intelligence.
Christine Argoud, surveillante et Christelle Gorlier, Chef d’établissement, Collège Notre–Dame Claveisolles, 69
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