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Réussir sa vie

JMPetitclercS’il est un projet sur lequel tous, parents, enfants sont d’accord, c’est celui de «réussir». Mais qu’entend–on par réussite ?

Réussir dans la vie, c’est réussir sous le regard des autres. Réussir sa vie, c’est faire des choix en fonction de ses propres aspirations et, pour le croyant, sous le regard de Dieu. Dix ans après ma sortie de l’Ecole Polytechnique, je rencontrai par hasard un camarade devenu à la trentaine PDG d’une PME des technologies de pointe. Créateur d’emploi, il était adulé dans le monde politique comme dans le monde économique, car il créait aussi de l’argent. Quand je lui disait : « Je travaille comme éducateur de rue dans une cité sensible », il ne comprit pas mon choix, essayant même de me culpabiliser : «Avec toutes les études que tu as faites et l’argent dépensé par la nation pour en arriver là, tout cela pour être un simple éducateur … !!! » Et l’on se quitta sans avoir pu réellement échanger. 10 ans plus tard, il avait bien changé : Sa femme, qui ne supportait plus ses absences, l’avait quitté et ses deux enfants se montraient rebelles à toutes ses valeurs. Les larmes dans les yeux, il me confiait : «J’ai tout sacrifié pour réussir dans la vie … et voici que je suis en train de rater ma vie».

Tous les enfants, les adolescents ne sont peut–être pas appelés à réussir dans la vie. Mais tous, sans exception, sont appelés à réussir leur vie, autrement dit à réaliser leur vocation. Car, il est deux manières d’envisager la vie : on peut, comme Jacques Monod, grand scientifique des années 70, la voir comme une simple succession de hasards et de rencontres. Ou bien, se dire que chacun est un être unique, différent des six milliards d’autres humains, et qu’il est là, sur cette terre, pour réaliser son projet singulier et laisser une trace incomparable. Il reste alors à chacun de discerner sa vocation.

Réussir sa vie, c’est alors être capable de passer du rêve au projet ! A huit ans, un enfant voudra par exemple devenir plus tard star de cinéma, joueur de foot, ambassadeur, pilote, etc… A 14 ans, il reverra ses ambitions, en fonction de son niveau d’études, ou bien d’argent ou des relations nécessaires pour exercer tel ou tel métier. Il devra alors apprendre à négocier ses rêves face aux contraintes de la réalité : travail douloureux (faire le deuil de certains rêves), mais aussi prometteur, car le bonheur se construit dans la mise en œuvre du projet et non dans l’illusion.

Le principal rôle de l’éducateur – parents, enseignant ou bien animateur –, c’est d’accompagner l’enfant, l’adolescent qui grandit dans ce passage du rêve au projet. Il ne s’agit pas de briser les rêves ! Il s’agit d’accompagner le jeune pour qu’il puisse aller à la racine de son rêve et le confronter à la réalité.

Imaginons un jeune qui rêvait de devenir médecin ; au vu de son bulletin scolaire et de la difficulté des études de médecine dans notre pays, ce rêve paraît impossible. Mais, accompagner dans ce passage du rêve au projet, ce n’est pas briser le rêve, c’est questionner la racine du rêve : « Tu veux être médecin, pourquoi ? » Si c’est pour nouer une relation avec le corps de l’autre, d’autres métiers le permettent : entraîneur sportif, paramédical. Si c’est pour nouer une relation d’aide avec une personne qui souffre, d’autres métiers le permettent : éducateur spécialisé, assistant de service social, etc. Il y a toujours moyen de réaliser une part de son rêve, jamais la totalité.

Trois risques menacent le passage du rêve au projet réaliste : la fuite dans le rêve, quand la réalité paraît trop décevante par rapport à ce dont le jeune a rêvé ! Je songe à tous ces jeunes affectés parce qu’il y a une place et non parce qu’ils ont été accompagnés dans un vrai travail d’orientation ! Alors ces jeunes taguent sur les murs : « sans shit, la vie est triste ! » Il faut s’échapper…le risque de la violence : « J’en veux à cette société qui permet à certains de réaliser leurs rêves et pas à d’autres ! Et je m’en prends violemment à elle ». Le troisième risque consisterait à chausser le projet d’un autre : « Je ne peux être médecin, alors qu’est–ce que tu me conseilles ? ».

Jean Bosco, dont nous allons fêter, en 2015, le bicentenaire de la naissance, appelait « sainteté » ce projet de vie réussie. Dominique Savio, qui était son élève lui avait demandé : « Aidez–moi à devenir saint. » Don Bosco lui donna trois conseils :

  • sois joyeux. Tout ce qui trouble et enlève la paix ne vient pas du Seigneur.
  • sois appliqué. Il ne s’agit pas forcément d’être le meilleur, mais de faire de son mieux.
  • sois bon camarade, en se mettant au service des autres.

Ces trois conseils, que j’aime répéter aux collégiens et lycéens d’aujourd’hui, sont les secrets de la réussite de la vie. Et l’indicateur, c’est la joie.

L’appel à la sainteté, c’est un appel pour tous. Tel est le message de l’Ecole catholique. Tous les jeunes ne sont peut–être pas appelés à être des génies en mathématiques, des grands auteurs de littérature, des champions en sport ou de grands artistes, mais tous, sans exception, sont appelés à réussir leur vie, autrement dit à devenir saints. Et, dans l’Eglise, nous fêtons cet appel au bonheur pour tous le 1er novembre chaque année.

Père J.M. Petitclerc, Salésien de Don Bosco

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