« Je n’étais pas prédestinée à la restauration d’objets d’art lorsque j’étais au lycée. J’ai toujours eu un penchant pour l’histoire de l’art et l’histoire générale du patrimoine. En finissant mon baccalauréat scientifique, avec une option en arts plastiques, j’ai voulu me perfectionner en dessin et en arts appliqués. J’ai donc suivi une année de remise à niveau aux Arts Appliqués à l’Ecole de Condé Lyon.
Ce n’est qu’après cette année riche en enseignement pratique et théorique, que je me suis rendu compte que la création n’était pas mon point fort. J’ai donc débuté un cursus de restauration et conservation du patrimoine et me suis rapidement spécialisé dans la restauration des peintures de chevalet.
Je suis devenue restauratrice de tableaux ; je ne l’étais pas avant. J’ai compris le patrimoine à force de le côtoyer et d’apprendre à la regarder.
Etre restaurateur c’est rendre un patrimoine ancien et endommagé, visible pour les générations suivante. C’est conserver et protéger les objets d’art des facteurs de dégradation extérieurs, qu’ils soient humaines, mécaniques, biologiques ou climatiques. Le but de la restauration est de laisser visible l’héritage mondial aux yeux de tous tout en stoppant les altérations déjà présentes et en empêchant l’apparition d’autres dégradations. C’est ce qu’on appelle la conservation préventive.
Etre restaurateur, c’est côtoyer de très près la création, le processus créatif d’un artiste, d’un peintre qui a créée cet objet de ses mains et qui l’a pensé jusqu’au plus profond de son âme. Il faut pouvoir conserver les témoignages de notre histoire, de notre passé. L’art est la preuve tangible de notre existence et de notre identité.
Les métiers d’artisanat, de création, de restauration, sont avant tout des métiers de passion et d’engagement. Il est important de croire en ce que la main et l’outil peuvent faire d’exceptionnels. Le geste est précis et réfléchi pour retirer d’anciennes restaurations discordantes, des ajouts extérieurs provenant de l’environnement de conservation de l’oeuvre. Il est évident que la restauration est régie par une déontologie imposant des interventions lisibles, réversibles et compatibles avec les matériaux constitutifs de l’oeuvre d’art. »
Guillemette LARDET, Paris