Comment faire participer les élèves en cours ?
Hélène Compagnon est professeur de logistique et de gestion au lycée Professionnel Ste Marie d’une petite ville gardoise. Elle est professeur principal pour des élèves de seconde, première et terminale qui préparent le bac Logistique.
Elle nous a répondu sur sa pratique de la pédagogie inversée :
– Bien sûr, je ne l’appelle pas comme ça ! Cette pratique est l’aboutissement réussi de mon expérience d’enseignement auprès de jeunes qui arrivent souvent en seconde avec une défiance pour les études… Il faut les surprendre, les stimuler, les valoriser… et surtout les faire participer !
Alors non, ce n’est pas facile de les faire travailler chez eux pour préparer une nouvelle séquence. Ca marche à trois conditions :
– d’abord, que ce soit ludique pour faire concurrence à leur consommation d’internet. Ce peut être un court diaporama explicité, une très courte vidéo, un podcast ou bien sûr un court texte imprimé ou la présentation d’une nouvelle séquence sur le manuel de classe. Sur internet, on peut mettre à leur disposition « un grain numérique », c’est-à-dire la plus petite unité d’apprentissage.
– ensuite, qu’ils sachent que cette préparation va les impliquer pleinement dans le cours du lendemain
– enfin, que j’aie clairement exprimé l’enjeu de cette séquence pour le bac, voire pour le BTS !
Il faut reconnaitre que la pratique de cette méthode, exige une préparation particulière de la séquence pédagogique : on parle de scénarisation.
G.O. : – Et le lendemain, quand ils arrivent en cours ?
– Tout d’abord, je cadre le cours avec 5 minutes de cours magistral qui fait le lien avec la préparation à la maison. « Voilà une situation. Voilà les questions qu’on peut se poser. Et je vais vous donner des outils… » Et après… Qui a compris quoi ? Suivent des échanges, des questions, un élève qui veut aider un autre. Je vais vous raconter une anecdote édifiante : l’autre jour, une élève, Léa, ne comprenait pas la formule pour calculer une moyenne arithmétique malgré les explications ; Mathieu a voulu l’aider, en baragouinant quelque chose qui m’a paru étonnant. A ma demande, Léa a répondu : « Là, j’ai compris ! » Elle a ensuite calculé un stock moyen avec succès : je les ai félicité tous les deux !
G.O. : Cela vous paraît important que chacun dise comment il comprend le cours?
En effet, il ne s’agit pas pour eux d’accumuler des savoirs qu’ils ont mémorisés ; il s’agit d’acquérir des savoir-faire en appliquant des connaissances reçues. C’est donc essentiel de dire ce qu’ils comprennent et comment ils le comprennent. Au début de ma carrière, quand un élève disait, après la correction d’un exercice, « Moi, je croyais que… » et que c’était une énormité, je disais « STOP », pour ne pas perturber ceux qui avaient du mal. Maintenant, je sais que ç’est utile dans leur progression personnelle et collective.
De plus, cela renforce leur capacité à prendre la parole devant les autres et ça les prépare très naturellement à travailler en équipe. C’est un atout précieux pour ces futurs adultes.
G.O. : Pour terminer, quel message voulez-vous nous confier ?
Quand les élèves réussissent, le prof est heureux ! Je rassure souvent les parents : « Ne vous en faites pas, on s’occupe d’eux; ils vont y arriver » et la confiance entraîne le succès !