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Collège

Contre le harcélement : bien dans mon collège!

« Bien dans mon collège », leur nom est choisi. Fraîchement formés à la Méthode de la Préoccupation Partagée (MPP), ils sont une dizaine de volontaires au collège Saint Joseph d’Oyonnax à s’être lancés dans les entretiens individuels des intimidés et des intimidateurs, afin d’enrayer le harcèlement sous toutes ses formes (violences verbales, rumeurs, diffamation, provocations…). Retour sur un mal et l’expérimentation d’une proposition de prise en charge.

« Harcèlement », le mot choisi est fort, choquant et permet ainsi au doute de s’immiscer : « tu es sûr que c’est bien du harcèlement ? ». Les canadiens, eux, ont préféré appeler cela de l’intimidation, mais de quoi parle-t-on ? Le harcèlement à l’école, c’est la répétition d’actions négatives multipliées par les individus et amplifiée par l’omniprésence du groupe, et parfois, par la propagation sur les réseaux sociaux. Du fait de la disproportion du groupe, la victime est dans l’incapacité de se défendre et le silence cache souvent la peur des représailles et la honte. Et ne vous y méprenez pas ! Parce que l’effet de groupe a un pouvoir irrationnel sur les personnes, Il n’y a pas de profil type, ni du harcelé, ni du harceleur.

Face à une situation de harcèlement, il est délicat d’intervenir sans envenimer les choses et pourtant, la solution ne peut venir que de l’extérieur. Jean-Pierre Bellon, enseignant de philosophie à la retraite, auteur du livre « Harcèlement scolaire : le vaincre c’est possible » est à la tête d’un comité d’experts chargé par le ministère de l’Éducation Nationale de proposer « un programme anti-harcèlement clé en main ». Inspiré par la méthode Pikas, la MPP se veut non blâmante. Les intervenants accueillent la victime sans la juger, avec empathie, avec pour objectif de créer une véritable alliance rassurante. Les entretiens avec les intimidateurs présumés sont tout aussi bienveillants, il s’agit de les sensibiliser à la situation de la victime, l’objectif étant, dans un premier temps, la recherche de la préoccupation, et dans un deuxième temps, la recherche de suggestions. Les entretiens sont brefs et reconduits en cas d’échec. 

Depuis la première intervention de Jean-Pierre Bellon au collège Saint Joseph d’Oyonnax en septembre dernier, l’équipe « Bien dans mon collège » constituée d’enseignants, de personnels de vie scolaire et d’AESH s’est organisée. Les premières affaires ne se sont pas faites attendre, et si l’équipe a démarré sur les chapeaux de roues, immersion dans un public de 500 collégiens oblige, elle prend ses marques et s’organise : présentation du dispositif à la communauté, répartition des entretiens, échanges et archivage. Bien que des jeux de rôles aient permis à l’équipe de s’exercer en formation, les affaires traitées semblent souvent ne pas vouloir s’apparenter aux cas d’école. Elles demandent aux intervenants de puiser dans leurs ressources mais offrent bien des satisfactions une fois solutionnées. L’expérience de cette méthode, encore toute fraîche à Saint Joseph, semble porter ses fruits puisque 80% des affaires d’intimidations mises en lumière ont été solutionnées…par les intimidateurs eux-mêmes bien entendu ! Au-delà des membres de l’équipe, ce sont tous les acteurs du collège qui apportent leur concours à la réussite du dispositif. Enseignants, professeurs principaux ou encore délégués de classe, occupent un rôle important dans la transmission des informations, agissant comme autant de relais sur le terrain.

Connues de tous, l’équipe Bien dans mon collège et les actions menées devront permettre à terme de participer activement à la prévention et la lutte contre les intimidations ; améliorant ainsi le vivre ensemble, au cœur du projet d’établissement. 

Un second temps de formation permettra aux intervenants de revenir sur les situations vécues et de chercher comment renforcer le dispositif dans une démarche d’amélioration continue. Une évaluation sera proposée en juin afin de mesurer les effets sur le climat scolaire.

Mais au-delà de ça, plus qu’un kit anti-harcèlement, La MPP est une ouverture, pour les intervenants, sur la psychologie sociale. Elle les engage à une réflexion sur les mécanismes des relations humaines, enrichissant au quotidien la qualité de leurs relations aux élèves, aux collègues…

Sylvain Laulagnet, chef d’établissement coordonateur, collège Saint Joseph, Oyonnax

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