Rentrée difficile ? Pour ma part, je préfère employer le terme de rentrée « différente». Cette rentrée scolaire s’inscrit dans notre vie de tous les jours. Certaines générations ont connu et vécu avec la guerre, d’autres dans l’histoire ont vécu et certaines survécu à des épidémies : de peste, de choléra… Nos jeunes connaissent depuis mars 2020 une pandémie et doivent vivre avec… Une pandémie causée par un virus infiniment petit et exceptionnellement contagieux qui s’invite dans le monde entier jusque dans nos écoles et nos cours de récréation. Il nous faut, dans la mesure du possible, nous adapter au mieux à la situation. Tiraillés par notre obligation de moyens à laquelle, établissement hors contrat oblige, nous ne pouvons déroger sans ajouter une fragilité qui pourrait nous causer plus de mal. Saurons nous tirer profit de cette situation sanitaire hors normes ? Pour nos jeunes, j’y vois plusieurs aspects pour grandir. Ainsi par exemple le lavage des mains : pensez-vous qu’un automatisme de l’hygiène soit une néfaste contrainte que l’on impose à un adolescent ? Le risque est faible : au mieux ils seront plus propres, au pire ils y prendront l’habitude ! Le masque est exigeant, c’est vrai, mais cela fait appel à l’obéissance, au respect de la consigne et aussi au respect de l’autre, c’est la mise en place de la rigueur. Quel meilleur cadeau pouvez-vous faire à un adolescent que l’apprentissage à la rigueur pour sa vie quotidienne ? Nous avons besoin au collège de cette rigueur pour tous nos élèves, pour un devoir bien fait, une leçon parfaitement apprise, un uniforme impeccable, une règle de grammaire ou de mathématiques bien comprise et bien appliquée. Cette rigueur ne se décrète pas, elle se forge jour après jour par les contraintes acceptées et maîtrisées. Cet apprentissage à la rigueur du quotidien dès le collège est un cadeau pour l’avenir. Certains me diront le masque : quelle utilité ? Pensez- donc avec charité aux plus vulnérables. D’autres, un peu rapidement, pensent à une réduction de nos libertés… Point de vue peut-être individualiste : que dira-t-on alors de celui qui, une fois contaminé, aura besoin d’un respirateur pour être ventilé ne pouvant plus tout seul respirer ? Cette fois oui, sa liberté sera contrariée et parfois à cause d’un autre. Un commandement nous rappelle « Aime ton prochain comme toi-même ! » La distanciation avec l’autre, au-delà de la poignée de main parfois superficielle, doit nous autoriser à regarder l’autre de plus loin certes mais cela peut se faire avec authenticité et sincérité. Alors cette distanciation devrait plus nous rapprocher. Joubert, homme de théâtre disait « c’est avec nos yeux que nous regardons l’homme, mais il ne faut pas prendre son masque pour son vrai visage ». Trois axes d’efforts : avoir les bonnes habitudes d’hygiène (y compris du masque), accepter la rigueur et développer le respect de l’Autre. Cela sera= d’autant plus facile à appliquer si nous acceptons de regarder le positif et non de ressasser le passé (c’était mieux avant) alors que notre espérance de chrétien doit témoigner que cela sera beaucoup mieux demain. Pour cela il faut y travailler et l’actualité du collège est un moyen pour nos élèves d’y arriver, surtout s’ils sont aidés par leurs parents.