Longtemps le silence a été l’indicateur de la discipline de la classe.
En effet, lorsque le chef d’établissement passait dans les couloirs et que le silence régnait dans les classes, il pouvait sourire en pensant « qu’est-ce que j’ai de bons professeurs, qu’est-ce que mes élèves sont studieux et disciplinés ! ».
Qu’en est-il aujourd’hui de ces classes silencieuses recevant le savoir dans un silence profond d’une personne élevée sur une estrade dans un monologue maitrisé et n’appelant aucune intervention de l’assemblée ? Depuis le premier élève qui nous a interrompus en nous posant la question du pourquoi, en remettant en cause l’intégrité de la méthode, le modèle d’apprentissage s’est vu ébranlé. L’élève était-il devenu perturbateur ou simplement désireux de participer davantage au processus d’apprentissage ?
Cette situation nous amène à nous interroger sur l’implication des élèves en classe, l’organisation de la classe en tenant compte des différents niveaux de nos élèves, la gestion des groupes et le bruit qui en résulte.
Des études récentes montrent que le bruit en classe est le premier facteur de perturbation du travail des élèves et que ce bruit a une incidence directe sur les résultats de ces mêmes élèves.
Mais de quel bruit parle-t-on ?
Peut-on imaginer que le bruit est nécessaire lors de certaines phases d’apprentissage et de ce fait, libérer l’enseignant de cette crainte de se voir dépassé ou jugé comme celui qui ne gère pas sa classe ? Il parait bien nécessaire dans un contexte de validation d’un socle commun à tous les élèves, de différencier ceux-ci au sein du groupe classe. J’oserai alors parler de « bon bruit », celui qui permet l’échange entre élèves, qui met ces derniers en position dynamique et qui les place sur le chemin de l’autonomie. Le bon bruit est celui qui permet l’échange et la confrontation d’idées en place d’un savoir dispensé et prémaché. Le bon bruit est celui qui nous aide à intégrer les connaissances plus facilement car elles sont le fruit de notre propre analyse. Le bon bruit est celui qui nous rend expert lorsque nous ne sommes perçus que comme de simples apprenants.
Le bon bruit est celui qui fait dire au chef d’établissement : « quand j’écoute ce bruit-là, je sais que mes élèves sont au travail ! »
Lionel CECILLON
Chef d’établissement
Institution Saint Joseph de Bourg-en-Bresse
Témoignage
Selon les phases d’apprentissage et leurs organisations, il semble qu’il existe différents bruits et niveaux d’acceptation de ce dernier dans une classe. Lors d’un travail individuel par exemple, le bruit apparait comme un frein à l’apprentissage. Il s’agit alors pour l’enseignant de veiller à le réduire par divers moyens. La musique ou les applications de gestion du bruit comme « BouncyBalls » représentent des pistes efficaces et ludiques de retour au calme et de transitions entre enseignements dans ma classe. Il faut également avoir conscience que, dans le cadre d’un travail de groupe, le bruit apparait davantage comme un marqueur d’investissement, d’attention et de socialisation de la part des élèves. Le bruit est nécessaire, voire inévitable pour apprendre et peut être synonyme d’apprentissage plutôt que de perturbations.