L’école d’aujourd’hui est elle adaptée à la prise en charge de cette différence ?
Ce n’est vraiment qu’à partir de 2002, à travers le rapport DELAUBIER, destiné au ministre de l’éducation de l’époque, que le système éducatif a commencé à répondre très partiellement aux attentes des parents, regroupés en associations, qui se sont battus pendant plus de deux décennies pour demander une réponse adaptée aux besoins de leurs enfants et pour que le système éducatif prenne en compte la spécificité de ces jeunes.
Comment détecter les enfants intellectuellement précoces ?
Aujourd’hui en France il y aurait 2,3 à 5% d’enfants précoces selon le niveau de quotient intellectuel (QI) retenu sachant que c’est le seul outil communément admis pour déterminer ce groupe d’enfants.
Le test utilisé est la WISC (Weschler Intelligence Score for Children). Un enfant qui a un QI de 130 ou supérieur à 130 peut être considéré comme « intellectuellement précoce » à l’issue d’une évaluation rigoureuse conduite par un psychologue.
Cependant d’autres facteurs entrent en jeu dans l’épanouissement d’une personnalité et dans la réussite personnelle qui permettent à ces jeunes de se socialiser et de vivre leur enfance et leur adolescence comme les autres. Ce qui amène Monique de KERMADEC psychologue clinicienne et psychanalyste à évoquer quelques éléments complémentaires de reconnaissance d’un enfant précoce : facultés verbales, facilité d’écriture, bonne mémoire, flexibilité de la pensée, complexité de la réflexion, créativité, imagination, curiosité, nombreux centres d’intérêt, intérêt ou talent artistique, qualité de leader, sens aigu de l’injustice, apprentissage rapide, désir de lire et apprentissage rapide de la lecture, sens de l’humour, quelquefois maladroit dans la vie de tous les jours, attirance pour les enfants plus grands et les adultes….
Qui sont-ils et quelle attention porter à ces enfants ?
A trois ou quatre ans ils commencent à lire, posant des questions qui ne sont pas de leur âge, sur l’origine de la terre et de l’humanité, les dinosaures, la vie après la mort, les astres et les planètes…
Très rapidement ils s’éloignent des jeunes de leur âge, soit parce qu’ils les trouvent trop peu matures, soit parce qu’ils sont eux-mêmes exclus du groupe. Ils cherchent alors le dialogue avec les adultes et certains symptômes se font jour tels que la mélancolie, l’insolence, l’isolement ou l’originalité.
Le risque de repli sur soi, faute d’écoute de la famille ou des enseignants, est un risque inhérent à la précocité. Pour toutes ces raisons il est nécessaire de détecter la précocité le plus rapidement possible, sans se polariser sur le quotient intellectuel, mais en apportant à ces jeunes toute l’affection dont ils ont besoin en sachant que les parents restent l’interlocuteur privilégié en la matière.
Ne pas placer l’enfant dans une tour d’ivoire en lui répétant « tu es génial » mais l’aider à développer cette intelligence relationnelle qui souvent lui fait défaut. Tels peuvent être les conseils donnés à des parents parfois démunis et désorientés.
Comme le dit Sophie COTE, Présidente d’honneur de l’AFEP (association française pour les enfants précoces) « c’est un très grand bonheur si on sait reconnaitre et aider ces enfants, et ne jamais oublier qu’il leur faut l’essentiel : l’amour d’une famille ».
Les enseignants ne doivent pas être désarmés face à la précocité. Ils doivent tout d’abord porter un regard attentif à ces enfants, les comprendre et non pas les rejeter tout en sachant qu’ils sont des cas particuliers.
Dans le même temps les exigences doivent être les mêmes que celles demandées aux autres élèves car s’ils « captent » très vite, ces jeunes n’arrivent pas à comprendre la démarche par laquelle ils sont arrivés au résultat. Par leur vivacité et leur curiosité ils doivent aussi apprendre à respecter le cadre, les limites et les attentes fixées par les enseignants.
Aux enseignants et aux parents de trouver les stimulations intellectuelles qui viendront nourrir l’attente de ces jeunes qui souvent s’ennuient en classe sans pour autant leur mettre une pression qui entrainerait une tension et une angoisse permanentes.
Pour conclure nous reprendrons ce qu’a écrit Daniel JACHET, chef d’établissement « les précoces ont besoin de cadres et de structures. Les professeurs doivent être pour eux une main de fer dans un gant de velours. Il n’y a pas de pédagogie précise mais des conseils et des erreurs à ne pas commettre. Il y a quatre règles d’or à respecter : patience, fermeté, compréhension, exigence. »
Jean-Pierre DUFOUR
Directeur général
Centre Scolaire La Favorite-Sainte Thérèse – Lyon
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