Le fondement des formations dispensées par les universités catholiques est celui du sens de l’homme et de sa destinée que la tradition chrétienne propose à la société depuis 20 siècles maintenant dans un dialogue renouvelé avec les cultures. Dans la période actuelle marquée par les révolutions de l’économique, de l’informatique et du génétique, cet apport est plus que jamais nécessaire, surtout s’il est bien situé par rapport aux connaissances et questions d’aujourd’hui. Comment acquérir des connaissances de haut niveau universitaire et des capacités professionnelles reconnues en apprenant à devenir un homme ou une femme libre et responsable, dans l’esprit de l’Evangile, pour le service de la société moderne? Beau défi que tentent de relever nos universités catholiques, ouvertes à tous, en lien étroit avec ce qui se construit en ce domaine dans les collèges et lycées catholiques notamment.

Lorsque le philosophe Michel Serres est venu présenter à Lyon son ouvrage « Petite Poucette », consacrée à la génération dite « Y », il a été lui-même surpris par l’ampleur de la réaction des jeunes présents à sa conférence. Ceux-ci l’ont remercié vivement de son ouverture bienveillante à leur génération mais ont aussi exprimé un cri d’appel que je traduis ainsi : montrez- nous des repères solides pour vivre, faute de quoi nous ne pouvons devenir nous-mêmes ! Nous qui sommes pour notre part les héritiers de l’humanisme chrétien depuis St Irénée et du catholicisme social lyonnais, nous ne pouvons rester insensibles à cet appel.

Avec humilité et audace devant la complexité des situations et du monde, l’Université Catholique renforce en ce moment l’apport de ce qu’on a coutume d’appeler « les humanités » dans les cursus de formations universitaires et professionnalisant de sciences, de droit ou d’économie par exemple. Des pédagogies actives favorisent cette rencontre et ce croisement fructueux entre compétences techniques et humanisme. La proposition d’une nouvelle licence « sciences de la vie et humanités » illustre notre recherche en ce sens. Ainsi lorsqu’on enseigne la génétique humaine dans une licence de biologie, comment ne pas croiser cet enseignement avec une réflexion sur l’identité humaine, laquelle ne se limite pas au plan biologique ?

Dans la même perspective, en recherche et en enseignement, nous travaillons le croisement entre « philosophie et management » en vue d’un master. Les formations en économie et management sont ainsi mises en lien avec les éléments clés du catholicisme social, lyonnais notamment. Beaucoup de professionnels de ces domaines attendent des «sources d’inspiration », en cette époque où l’on cherche des points de repères solides pour fonder ses actions.

Là aussi l’université catholique peut apporter sa spécificité dans le contexte universitaire français, au profit de tous.

Père Thierry Magnin,
Recteur de l’UCLy

* UCLy : Université Catholique de Lyon