Orientation, le Guide de l'Enseignement Privé

Investissez dans votre employabilité

Hervé DIAZ, Directeur ICL, Institut de Commerce de Lyon, porte un regard sur les enjeux de l’emploi et les filières de formation.

Orientation2013-MD_page66_image1Quels sont vos conseils pour ceux qui se lancent dans les études supérieures ?

Les étudiants doivent absolument comprendre que les diplômes ne sont pas la finalité. Si les diplômes faisaient la qualité des gens, cela se saurait ! Or cela ne se sait pas. Les études sont importantes bien sûr car elles participent à la formation et ce faisant, à la préparation des jeunes, mais la clef, ce sera d’abord une rencontre, une opportunité qu’on saura saisir, des choix pertinents le long d’une vie professionnelle. A l’Institut nous préparons nos jeunes à saisir ces opportunités.

Nous vivons une accélération des changements de carrières : il y a 3 ans, on considérait qu’un jeune sorti d’école de commerce avec un bac +5, changerait tous les 7 ans de travail ; en 2012, c’est tous les 5 ans, 8 emplois différents dans une vie professionnelle.

Cela fixe nos responsabilités en tant qu’écoles, et les attentes de nos étudiants ; l’objectif des études aujourd’hui, c’est de préparer les jeunes au maintien de leur employabilité. Leur premier emploi n’est pas l’enjeu le plus important, mais la question est de savoir s’ils seront toujours employables à 40 ans, âge auquel on coûte plus cher, et auquel on est moins engagé dans le travail qui n’est plus le seul champ d’expression personnelle.

Les écoles se valent elles toutes pour aider à l’employabilité ?

En réalité, les contenus pédagogiques ont tendance à se valoir d’une école à l’autre. Ce qui fait la différence à la sortie, c’est la réputation de l’école et son réseau. Le réseau des anciens (les alumnis), développe plus qu’un sentiment d’appartenance à une même « famille » (aux Etats-Unis on appelle ces clubs des « fraternités »). Il crée l’empathie et une solidarité de fait. Utile en période de crise. Séparément, nous sommes tous des lutins; ensemble, nous sommes toujours des lutins mais nous sommes assis sur les épaules d’un géant : le groupe.

Si les acquis de l’enseignement ne suffisent pas, comment maintient-on son employabilité ?

En se construisant et en construisant sa vie professionnelle sur deux valeurs : le travail et la cohésion. Le travail, en général les gens comprennent : c’est produire un effort pour atteindre un résultat. La cohésion, c’est s’ouvrir aux autres et fonctionner avec l’autre. Au préalable, il faut reconnaitre que l’autre existe. Ensuite, et en contribuant au bien commun, trouver et tenir sa place dans le groupe. Cela ne se limite pas au « networking », car être amis d‘avatars égocentrés ne garantit que rarement d’avoir des relations durables et productives ! Pendant vos études, engagez-vous dans un projet caritatif, donnez du temps aux autres ; c’est la meilleure façon de s’ouvrir. A force de semer, on finit toujours par récolter… pour constituer autour de soi une forme de corporation : des gens qui se ressemblent, par leurs qualités de cœur et leurs intérêts communs.

Qu’est ce qui a changé avec la crise ?

Il y a beaucoup de sources de stress actuellement, pour tous. Nous, leurs ainés, allons laisser un monde pire que nous ne l’avons reçu de nos parents. Les valeurs que nous avons abandonnées sur l’autel d’une tranquillité éphémère, forcent notre responsabilité collective pour permettre aux jeunes de réussir. Or, avant, le diplôme était la clef du travail ; aujourd’hui, le diplôme est une clef à court terme, pas à long terme. De plus, l’encadrement des jeunes est plus délicat : les étudiants d’aujourd’hui sont moins demandeurs ; ils sont dans l’immédiat, l’apparence. Ils doivent apprendre à se concentrer sur le fond, construire demain. Ils doivent rester éveillés, alertes et curieux. Enfin, il y a le marché de l’emploi : moins d’offres, des salaires de départ moins généreux, et pour la première fois, pas de prime de risque : la fonction publique est devenue plus attractive que le privé (une autre nouveauté : salaires plus élevés, garantie de l’emploi et la sécurité).

Quelles sont les formations les plus attractives ?

Attention : les plus attirantes ne sont pas les plus intéressantes à long terme. Les filières qui forment à court terme (Bac +2, +3) marchent bien mais ne suffisent plus à se projeter et garantir l’avenir ; les filières techniques de fabrication perdent de l’attractivité, alors que les compétences techniques se raréfient.

Les contrats de professionnalisation et la formation par alternance vont encore se développer : les études coûtent moins cher, les jeunes sont 100 % employables – puisqu’ils sont déjà insérés – c’est un plus économique pour les entreprises qui bénéficient des compétences d’un Bac + à un coût inférieur.

Les filières de service sont très demandées (écoles de commerce, communication, etc.). Les jeunes semblent faire le pari des services. L’école doit avoir la dignité de mettre en œuvre l’employabilité de ces jeunes par de véritables actions de placement, car les emplois dans la Communication deviennent rares et les candidats nombreux.

Nombreux sont ceux qui envisagent de créer leur entreprise, et de prendre le statut d’auto-entrepreneur ; c’est simple dans l’immédiat de la création ; cela favorise certainement l’innovation mais, si c’est un tremplin pour la création pour certains, pour d’autres, mal préparés, ce peut être un faux semblant : l’auto-entreprenariat ne peut être qu’un statut provisoire.

Quels conseils pour choisir un cursus après le Bac ?

N’ayez pas peur ; choisissez une école qui vous aidera à construire votre employabilité. Vous avez le choix entre l’université et les écoles ; vous pouvez suivre des études à plein temps ou en alternance.

A l’université, il faut travailler pour obtenir son diplôme, qui a la valeur de la rareté. Mais à l’université, il faut développer, seul, des qualités personnelles de motivation et de concentration qu’on ne vous aidera pas à acquérir si vous ne les possédez déjà. La qualité de l’enseignement universitaire est élevée, le lien avec la recherche est naturel.

Si vous rejoignez des écoles privées, la première question à se poser est : quel est le taux de réussite aux examens ? Si c’est 100 %, donne-t-on le diplôme à tous, ou les étudiants sont-ils accompagnés efficacement par les enseignants ? Si le taux de diplômés est faible, quel est le taux d’emploi à la sortie ? La deuxième question : quelle lecture ont les dirigeants de l’école sur le long terme ?

Pour comparer les écoles et les universités, le classement des journaux est de faible intérêt : en France, ce classement est produit sur du déclaratif, sans contrôle véritable. A l’international, c’est par convention la mesure d’un taux de citation des publications des enseignants de l’université ; cela ne garantit ni la qualité du contenu des articles, ni l’employabilité à long terme des étudiants.

Une idée pour choisir : demandez à assister à un cours ; posez des questions aux élèves, à des professeurs ; demandez un contact avec des anciens, quel travail font-ils ?

Quel que soit votre choix, privilégiez vos apprentissages à vos notes scolaires ; faites les deux si possible. Le travail et la performance paiera toujours. Le mauvais arbitrage, c’est de croire et vouloir gagner beaucoup d’argent ; la finalité, c’est d’être heureux, durablement. La rémunération suivra naturellement si c’est un critère de succès pour vous.

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